Chrysemys picta bellii (PDF)

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Rapport du COSEPAC

Je me permets de poster cette fiche qui a été rédigée à partir du rapport COSEPAC et uniquement dans le but d'en connaître un peu plus sur la vie in natura (Canada) de Chrysemys picta Bellii (tortue peinte de l'ouest). Certaines informations peuvent être rapportées par extension à Chrysemys ssp.


I Nom et classification :

La tortue peinte appartient au sous-ordre des cryptodires (tortues qui ont la faculté de rentrer leur tête complètement dans leur carapace), à la famille des emydidae et au genre Chrysemys.


Chrysemys picta bellii

Le genre ne comprend apparemment qu'une seule espèce qui est Chrysemys picta (pour tortue peinte). Cependant Starkey et al (2003) pensent que la sous-espèce Chrysemys picta dorsalis pourrait être considérée comme une espèce à part entière. En tenant compte de ce récent constat (qui n'est pas encore validé) on peut dire (sans l'affirmer) que le genre Chrysemys est divisé en deux espèces (Chrysemys picta et Chrysemys dorsalis) et que l'espèce Chrysemys picta est elle même divisée en trois sous-espèces qui sont (Chrysemys picta picta, Chrysemys picta bellii et Chrysemys picta marginata). C.p.picta et C.p.bellii ayant longtemps été reconnues comme appartenant à la même sous-espèce.


II Description morphologique :

Chrysemys picta bellii est la sous-espèce la plus grande 251mm. Comme chez la plupart des emydidae la femelle tend à être plus grande que le mâle à l'âge adulte (Cook, 1984). La dossière est plate, lisse, ovale non carénée et souvent de couleur noire ou vert-olive. Son plastron est rouge orangé dès la naissance et le reste jusqu'à l'âge adulte.


Magnifique Chrysemys picta bellii en train de prendre un bain de soleil.


Il comporte une tâche noire (diffuse) centrale qui court le long des jonctions des écailles sur la majeure partie du plastron.
Ses membres sont de la même couleur que sa carapace et sont parcourus de lignes et de points jaunes.


Spécimen photographié sur le bord d'une route.

C'est une espèce à l'aise en milieu aquatique, en témoignent ses membres postérieurs palmés. L'espérance de vie de la tortue se situe entre 34 et 50 ans.


III Dimorphisme sexuel :

Encore une fois comme chez la plupart des emydidae, la différenciation entre les mâles et les femelles se fait en observant les griffes aux membres antérieurs (longues chez le mâle), la queue (longue et large à sa base chez le mâle) et enfin la position du cloaque sur celle-ci (s'éloignant vers la pointe de la queue pour le mâle). Ces critères ne sont pas visibles chez les juvéniles (comme pour la plupart des cheloniens) et commencent à s'affirmer lorsque la maturité est atteinte ou en passe de l'être...
Celle-ci peut-être atteinte plus ou moins tardivement selon l'endroit de l'aire de répartition où les tortues vivent (4-5 ans dans les zones chaudes et 7-8 dans les zones froides).


IV Répartition :

Se reporter au rapport COSEPAC.

V Habitat et mode de vie :

Comme dit précédemment, Chrysemys picta est une tortue à dominante aquatique. Elle est présente dans les eaux peu profondes des étangs, des lacs, des marais mais aussi des cours d'eau au débit lent ou des bras morts. La profondeur du point d'eau où vit la tortue peut aller jusqu'à 3m sur 80% de la surface complète, le substrat est constitué de sable ou de boue, des plantes aquatiques émergentes couvrent au moins 80% du littoral et une zone émergée bien ensoleillée est disponible en bordure du point d'eau ou jusqu'à 30m de distance de celui-ci (Orchard, 1986).


Chrysemys picta bellii sur une zone émergée plein sud.

Bien qu'elle soit aquatique cette tortue est une "grande marcheuse", occupant des zones avec de multiples points d'eau plus ou moins distants (formant une sorte de grappe dont chaque "route" mènerait à un point d'eau différent) elle n'hésite pas à se déplacer d'un point d'eau à un autre pour hiberner et se reproduire.
Parmi tous ces points d'eau, les mâles et les femelles occupent un domaine vital de taille identique et les spécimens observés occupent généralement qu'une ou deux zones principales. L'eau de la plupart des zones étudiées était de faible qualité voire même exposée à une contamination occasionnelle.


Les points d'eau sont souvent pollués. Certains spécimens savent tirer profit de cette "pollution"

Les tortues peintes adultes se chauffent de longues heures et ce dès les premiers rayons du soleil et avant même de se nourrir. Les plus jeunes tortues s'insolent moins longtemps mais plus souvent dans une journée car la taille de leur corps leur permet de se chauffer plus rapidement et surtout parce qu'elles doivent éviter la présence des prédateurs. Les bancs de vase, rochers, rondins, branches et autres objets flottants sont privilégiés pour faire office de plage.


Voici une plage typique où adorent grimper les Chrysemys picta Bellii, à l'abri des prédateurs terrestres...

En hiver Chrysemys picta bellii, hiberne selon le lieu où elle se situe, le plus généralement elle hiberne dans la vase/boue à une profondeur telle que le gel ne puisse l'atteindre. Ses besoins en oxygène sont alors fortement diminués et la tortue capte l'oxygène présent dans l'eau par la peau ou encore le cloaque ou les muqueuses de la gorge...


VI Alimentation :

Comme toutes les tortues aquatiques et surtout du fait de sa langue fixe, Chrysemys picta se nourrit dans l'eau. Les juvéniles ont un régime alimentaire presque quasi carnivore. Ils se nourrissent principalement de têtards, d'invertébrés comme des insectes aquatiques, des écrevisses et des escargots. Plus elles grandissent et plus elles se tournent vers des proies de taille plus importante comme les grenouilles et les poissons, elles sont aussi opportunistes et se nourrissent de charognes, d'animaux morts. Une fois adultes elles deviennent de plus en plus omnivores et commencent à exclure le "carné" de leur alimentation. L'abondante végétation des zones humides devient alors la source principale de nourriture.
Dans la nature Chrysemys picta commence à s'alimenter quand la température de l'eau est comprise entre 15 et 18°. La tortue cesse de s'alimenter dès que la température est inférieure à 15° mais aussi dès qu'elle atteint les 30° ou plus.


VII Reproduction, ponte et vie des juvéniles :

Les parades sont toujours menées par les mâles, elles débutent aux printemps quand les tortues recommencent à devenir actives. Le mâle harcèle la femelle en agitant les griffes de ses membres antérieurs devant le visage de la femelle. Celle-ci peut parfois répondre en agitant de la même manière les siennes. Les parades peuvent durer jusqu'à 15 minutes après quoi, le mâle entraîne la femelle au fond des zones les moins profondes du point d'eau et monte sur celle-ci pour commencer l'accouplement. Les femelles sont le plus souvent fécondées pendant la période d'été voire début de l'automne. Elles peuvent stocker le sperme du mâle pendant une période pouvant aller de deux à trois ans (mais c'est un fait assez rare apparemment). Des cas de paternités multiples (plusieurs pères pour une même ponte) ont pu être observés.
Une fois prêtes à pondre les tortues cherchent en général un lieu propice pour creuser leur nid. Le type de lieu choisi pour la ponte varie en fonction de la zone dans laquelle vit la tortue. Ainsi dans une zone froide la tortue privilégiera les pentes dégagées orientées plein sud alors que dans une zone chaude elle privilégiera les lieux couverts par la végétation et proches des eaux stagnantes. Les sols sont toujours pentus (< 45°) et bien drainés.
Les œufs peuvent mesurer jusqu'à 35mm sur 22mm et peser jusqu'à 9g au moment de la ponte. L'incubation peut durer entre 72 et 104 jours. Comme chez la plupart des cheloniens la température à laquelle les œufs sont incubés joue sur le sexe des futurs nouveaux-nés.
Ainsi, les œufs incubés à une température supérieure à 29° produiront des femelles,
ceux incubés en dessous de 26° produiront des mâles.
A 28° les tortues produites sont en proportion équivalente mâle et femelle,
enfin, entre 26 et 28° les deux sexes sont produits mais avec des proportions variables.
Du fait d'une ponte tardive, les juvéniles (nés dans les zones froides) sont souvent contraints à hiberner dès leur naissance dans leur nid et ne sortiront qu'à l'approche du printemps. Elles occupent principalement les zones les moins profondes des points d'eau (car plus chaudes et productives favorisant ainsi l'alimentation) puis en grandissant, investissent les zones plus profondes.


VIII Prédateurs :

Les principaux prédateurs de Chrysemys picta bellii in natura sont : le raton laveur, les moufettes, le blaireau, le loutre, le vison, , l'écureuil, les corbeaux et corneilles, les mouettes ainsi que les chiens et chats domestiques entre-autres...


Ce spécimen sur le bord de la route, à eu la chance de rencontrer cette personne qui le repousse sur le droit chemin.

L'activité humaine contribue aussi à la disparition de cette espèce avec la construction de routes entre des points d'eau fréquentés, la pollution, le captage des eaux...


IX Maintenance en captivité :

Lorsqu'elle est juvénile Chrysemys picta bellii a besoin d'une eau chauffée (24-25°) de faible profondeur (20cm) et d'une plage chauffée (28°) et sous uvb (5%). Les durées d'ensoleillement, ainsi que la température de l'eau, devront être adaptées à celles observées dans la nature au fil des saisons.


Exemple d'installation avec décor artificiel pour deux spécimens juvéniles.


Une hibernation en captivité n'est cependant pas obligatoire (les Chrysemys picta bellii du Mexique n'hibernant pas)...
Son alimentation sera constitué au ¾ d'escargots, de poisson d'eau douce, de crevettes, de grillons, de vers de terre mais aussi de viande blanche en faible quantité (sous peine de voir apparaître des déformations de croissance comme les écailles qui se retroussent...). Le ¼ restant sera constitué de végétaux (se reporter à la liste des liens complémentaires en fin de fiche). Cette balance s'inversera au fur et à mesure que la tortue grandira. L'aqua-terrarium devra à terme mesurer au minimum 120 à 150 cm de longueur, 60 cm de largeur et 60 cm de hauteur. L'eau sera filtrée avec une filtration externe assez puissante(cf liste de liens complémentaires pour le choix de celle-ci) pour palier la pollution générée par la tortue et la nourriture dans le bac. Les femelles devront disposer d'une plage de ponte d'au minimum 25cm de profondeur et de la largeur du bac.


X Statut :

Il faut être titulaire d'un certificat de capacité pour détenir un spécimen Chrysemys picta bellii, non pas parce que l'espèce est en voie de disparition mais plutôt parce qu'elle fait partie des espèces dites "exotiques" en France capable de s'adapter et de concurrencer notre cistude sur son territoire.

Source : Rapport COSEPAC sur Chrysemys picta bellii
Résumé : Panza
Rédaction du paragraphe maintenance : Panza

PDF en anglais :

Chrysemys picta bellii in Oregon